Histoire

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Histoire de l'abbaye de Charroux

La salle capitulaire et les sculptures de l'abbaye

Connaissez-vous l’histoire mouvementée de l’abbaye de Charroux ? Découvrez cette puissante abbaye située entre Poitiers, Angoulême et Limoges !

Les origines de l'abbaye

Une abbaye puissante

L’abbaye de Charroux a été fondée en 783 par le comte Roger de Limoges et sa femme Euphrasie d’Auvergne. Vous connaissez certainement mieux Charlemagne ? Cette histoire débute sous son règne...

En 989, l’abbaye accueille le premier concile de la Paix de Dieu. C’est un événement déterminant pour la protection des biens et des personnes sur les territoires chrétiens.

La notoriété de l’abbaye est également associée à la relique de la vraie Croix, véritable trésor, qui contribue à l’afflux des pèlerins et des dons. 

Il existe au XIème siècle une véritable concurrence entre les monastères du pays pour obtenir des subsides . C’est ainsi qu’apparaît à Charroux la légende selon laquelle l’abbaye détiendrait la relique de la Sainte Vertu . Charlemagne aurait reçu ce présent lors de son voyage à Jérusalem et en aurait fait don à son tour à l’abbaye. 

Le précieux reliquaire aurait été miraculeusement retrouvé au XIème siècle. Le culte de la Sainte Vertu permet de récolter de nombreux dons et de financer la majestueuse reconstruction dont l’autel sera béni par le pape Urbain II.

Toujours au XIème siècle, l’abbaye s’agrandit avec la construction d’une nouvelle église monumentale mesurant 114 mètres de long, puis d’un immense portail gothique au XIIIème siècle constitué de superbes sculptures. Belle, flamboyante, incontournable, riche, réputée… 

Et puis commença un long déclin !

Maquette de restitution de l'abbaye de Charroux
Maquette de restitution de l'abbaye de Charroux

© Pascal Lemaître - Centre des monuments nationaux

Le déclin

Avec les différentes guerres et leur lot d’instabilité, l’abbaye sera plusieurs fois pillée et saccagée.

Dès le début de la guerre de Cent Ans (1337-1453), en 1345, le trésor de l’abbaye, mis en sécurité à Poitiers, est pillé ! L’abbaye est fortifiée pendant cette période troublée.

Comble du malheur, un important incendie a lieu en 1422. Ce dernier, accidentel, détruit une grande partie du monastère.

La paix arrive enfin ! Jean Chaperon, élu abbé en 1444, commence la reconstruction du monastère (salle capitulaire, cloître). L’abbaye dispose encore d’un riche patrimoine allant jusqu’en Angleterre : elle est à la tête de 152 églises, 60 prieurés et 3 abbayes.

Mais cette embellie est de courte durée : les mauvaises gestions successives ainsi que les malversations des abbés commendataires  entraînent la faillite de l’abbaye et la ruine de nombreux bâtiments.

À la fin du XVIème siècle s’ajoute une nouvelle période de troubles pour le royaume. Les guerres de Religion (1562-1598) se succèdent, opposant les partisans du catholicisme à ceux du protestantisme.

En 1569, la ville et l'abbaye sont dévastées et incendiées. La nef de l'église s'effondre en partie, le réfectoire, le dortoir, la cuisine et la bibliothèque sont endommagés, des moines sont assassinés, les autres fuient. La vie monastique ne reprend qu'en 1580. L'église est alors déclarée irréparable, la nef est raccourcie et la rotonde réparée.

En 1634, l'église est détruite. Seule une petite partie de l'édifice, la rotonde, est restaurée pour les offices.

L'état de délabrement du monastère entraîne sa fermeture au XVIIIème siècle. Le 28 septembre 1760, le roi Louis XV déclare la fermeture de l'abbaye et, en 1762, le pape Clément XIII décrète la suppression du monastère et de ses biens. Les habitants de Charroux protestent mais perdent leur procès. La fermeture de l'abbaye est confirmée en 1779.

À l’époque de la Révolution française, en 1796, l'abbaye devenue bien national est vendue en cinq lots ! L’église en ruine devient une carrière de pierres et disparaît au cours du XIXe siècle.

Les ruines de l'abbaye de Charroux
Les ruines de l'abbaye de Charroux

Base Aliénor

L'abbaye sauvée

Les restes de la rotonde (dont la tour lanterne au centre), du cloître et des bâtiments conventuels (dont la salle capitulaire) sont rachetés par un homme : Charles Loyzeau de Grandmaison (1740-1797). Ils sont alors conservés.

Les sculptures du triple portail gothique sont sauvées de la destruction grâce à la Société des antiquaires de l’Ouest.

Il faut attendre ensuite la visite en 1835 d’un inspecteur des monuments historiques, Prosper Mérimée (1803-1870), contacté par Charles de Chergé, historien, qui interdit la démolition et assure la protection dès 1846 de l’abbaye de Charroux.

Les héritiers de Charles Loyzeau de Grandmaison résistent à un projet de destruction de la tour lanterne envisagé par la municipalité pour agrandir le champ de foire au XIXème siècle.

En 1839, ils font don de la tour, des bâtiments conventuels et du cloitre à la congrégation des Sœurs Ursulines de Chavagnes.

La tour lanterne est inscrite sur la première liste des monuments historiques en 1840.

En 1846, la protection est étendue aux vestiges du monastère.

Léguée à l’État, l’abbaye de Charroux devient monument national et est classée par arrêté, le 13 juin 1950.

L'abbaye de Charroux
L'abbaye de Charroux

© Centre des monuments nationaux - Sébastien Arnault